Livre L'Art de la Boxe Française et de la Canne de Joseph Charlemont

 

Présentation


Joseph Charlemont (1839 - 1929), fut un maître d'armes et entraîneur de boxe Française.

Dans ce livre datant de 1899, l'auteur nous livre tous les secrets de la boxe Française et du combat à la canne. Ce manuel pratique est certainement l'un des plus complets, tant sur le plan théorique et historique.

Bénéficiez d'un ouvrage de référence.


Le livre en résumé

  • Cette réédition reprend fidèlement l'ouvrage original
  • Deux parties : Boxe française et Canne
  • Explications très bien détaillées et nombreux exercices
  • Parution : 1899 
  • Police : Calibri 11
  • 80 Illustrations
  • 287 pages

 

Livre broché l'art de la boxe française et de la canne

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Extrait gratuit du livre 

 
Retrouvez ci-dessous les premières pages du livre pour vous faire une idée.

 

LE RÔLE DE LA BOXE FRANÇAISE DANS L'HYGIÈNE ET L'ÉDUCATION PHYSIQUE


PRÉFACE

Par M. le Docteur FERNAND LAGRANGE

Beaucoup de lecteurs, sans doute, vont être surpris de voir en tête d'un Traité de Boxe une préface signée d'un nom de médecin.

C'est que la boxe française, telle que Charlemont l'a modifiée et la professe, n'est pas seulement l'art de la défense personnelle : c'est le plus hygiénique de tous les sports et c'est, de toutes les formes de la gymnastique, celle qui s'adapte le mieux à l'éducation physique du jeune homme et de l'enfant, celle qui développe le plus régulièrement toutes les parties du corps humain, qui perfectionne le plus sûrement toutes les aptitudes physiques.

Mais voilà une affirmation qui va susciter, sans aucun doute, des réclamations passionnées parmi les hommes de sport. Chacun de nous a son exercice de prédilection : c'est celui dans lequel il réussit le mieux. Et chez tout homme adonné à son sport favori, le bien-être physique que procure toujours un exercice quel qu'il soit quand il a produit l'état d'entraînement, le double d'une satisfaction d'un autre ordre qui est le plaisir d'y exceller.

L'exercice où l'on excelle est donc, naturellement, celui qu'on préfère et qu'on vante. Or, l'exercice dans lequel on excelle est celui pour lequel on a le plus d'aptitudes naturelles.

Si, donc, nous nous en tenions à ces arguments de pur sentiment, nous serions amenés à cultiver et à développer tout spécialement les aptitudes que la nature a fait prédominer en nous, c'est-à-dire celles qui n'ont nullement besoin d'être perfectionnées et à laisser dans leur état d'infériorité native celles dont nous sommes moins bien pourvus. 

Cette manière de procéder serait peut-être logique, en se plaçant à l'unique point de vue du sport, quand il s'agit de surpasser un concurrent dans un exercice spécial. Elle est absurde quand on se place au point de vue de l'hygiène qui recherche le parfait équilibre des fonctions vitales, ou au point de vue de l'éducation physique qui doit viser le développement harmonieux de toutes les aptitudes physiques et non la prédominance de l'une d'elles.  

Qui dit prédominance d'une aptitude spéciale dit infériorité relative des autres aptitudes, et par conséquent défaut d'équilibre dans l'ensemble du type humain. Et il ne faut pas oublier que le développement d'une aptitude est en proportion du développement de l'organe correspondant. L'homme « plus fort » des bras que des jambes est en réalité celui dont les jambes sont « trop faibles » et trop peu développées, par rapport aux bras. C'est un corps mal équilibré.

Celui-là aura peut-être avantage, pour briller dans un concours de gymnastique, à porter à l'extrême le développement de cette force locale; mais il ne fera ainsi qu'augmenter encore le défaut d'harmonie qui existe entre les membres inférieurs et les membres supérieurs, et rendre plus apparente l'insuffisance des jambes.

Quand nous voyons, dans les cirques, ces spécialistes du trapèze qui passent leur vie, suspendue par les mains, à exercer constamment la partie supérieure du corps sans faire travailler jamais les membres inférieurs, l'idée qui nous vient n'est pas d'admirer combien leurs bras sont gros, mais plutôt de regretter que leurs jambes soient si grêles.

Si donc on veut faire des hommes bien bâtis et bien équilibrés et non des spécialistes professionnels, il faut donner à chaque partie du corps d'autant plus de travail qu'elle est plus faible. 

Et de même il faut chercher à rétablir l'équilibre entre les diverses aptitudes que l'exercice met en jeu : prescrire des exercices de vitesse plutôt que des exercices de force, chez les hommes à muscles vigoureux, mais à formes massives ; imposer au contraire des efforts musculaires progressivement augmentés chez les hommes agiles, mais peu musclés et exercer enfin, aux exercices difficiles, ceux qui sont maladroits de leurs membres.

Car le genre d'exercice dont chacun aurait le plus besoin pour perfectionner son éducation physique et régulariser la conformation de son corps se trouve être justement celui auquel il aurait le moins d'aptitude et de penchant.

Mais ce ne sont là que des considérations générales, tendant seulement à montrer le peu de cas qu'il faut faire des préférences personnelles dans le choix d'un exercice au point de vue de l'éducation physique et de l'hygiène. 

En pratique et lorsqu'il s'agit d'un homme de constitution moyenne et de proportions régulières, le problème se réduit à développer également tous les muscles du corps et toutes les aptitudes physiques, de façon à en accroître l'énergie sans détruire l'harmonie des proportions et des forces.

L'exercice le plus favorable à ce développement régulier sera donc l'exercice le moins spécial — j'entends celui qui tiendra le moins à localiser ses effets sur une région limitée du corps, ou à mettre en jeu, à l'exclusion des autres, une aptitude particulière, soit la force, soit l'agilité, soit l'adresse.

— Or, à ce point de vue, la boxe française est le moins « spécial » de tous les exercices, car c'est celui qui tend le plus à faire participer au travail tous les muscles du corps et à développer simultanément toutes les aptitudes physiques, sans qu'aucune soit particulièrement visée au détriment des autres.

Dans ce genre d'exercice, une part égale est faite au développement de chaque muscle du corps, ainsi qu'au perfectionnement de toutes les aptitudes physiques, la force, l'agilité, l'adresse. Pour boxer « à la française » il faut faire agir, aussi souvent la jambe que le bras, aussi énergiquement les parties gauches que les parties droites, et par conséquent exercer et développer également tous les membres et toutes les régions du corps. On sait aussi que le pied du boxeur doit porter ses coups avec autant de vitesse que son poing, frapper avec la même précision, tromper les parades avec la même adresse.

Mais l'éducation physique du boxeur ne se borne pas à ce développement des forces musculaires et à ce perfectionnement des mouvements. Il acquiert, par la pratique, d'autres qualités qui sont d'ordre intermédiaire entre les aptitudes physiques et les facultés intellectuelles : par exemple, l'appréciation des distances, cette qualité qui résulte de l'éducation de l'œil et grâce à laquelle le tireur sait choisir pour lancer son coup le moment même où l'adversaire se trouve à juste portée. 

— On peut dire même, sans nulle exagération, qu'un assaut de boxe française comporte l'exercice incessant d'un certain ordre de facultés intellectuelles et non des moins élevées ; car chaque coup de poing ou de pied doit être précédé d'un raisonnement qui en calcule l'opportunité, et d'un jugement, rapide comme l'éclair, qui en décide l'exécution.

Il faut pénétrer l'intention de l'adversaire pour la déjouer ; calculer, d'après le tempérament qu'on lui reconnaît, le degré d'habileté ou de finesse qu'on lui suppose, la probabilité de telle ou telle attaque, la possibilité d'y opposer telle ou telle parade, d'y répondre par telle ou telle riposte. — Et notez qu'attaques, parades et ripostes peuvent se faire au moyen de quatre armes différentes : les deux pieds et les deux mains !

On le voit, il n'est aucune partie du corps, aucune aptitude physique et même aucune faculté intellectuelle qui ne soit bien mise en jeu — et par conséquent exercée — chez l'homme qui se livre à un assaut de boxe française. Et l'on peut dire, appuyé sur des arguments raisonnés et non plus sur des préférences individuelles, que cet exercice est le meilleur de tous au point de vue de l'éducation physique.

Si on veut pousser un peu plus loin l'analyse des mouvements de la boxe française, on va voir que ce genre de sport n'est pas seulement apte à assurer le développement régulier des forces du corps et le perfectionnement des facultés physiques. Aucun autre exercice ne répond mieux aux exigences de l'hygiène générale et surtout à celles de l'hygiène spéciale de l'enfant qui grandit.

En effet, une courte excursion dans le domaine de la physiologie va nous montrer combien, pendant la période de la croissance, il importe de choisir un exercice qui répartisse également le travail dans tous les muscles, comme le fait la boxe française, de préférence à ceux qui le localisent plus spécialement dans une moitié latérale du corps, comme l'escrime, ou dans la moitié supérieure du corps, comme les agrès de gymnastique.

Chez l'enfant qui grandit, il est de la dernière importance d'éviter toutes les conditions qui peuvent favoriser la prédominance d'un groupe de muscles sur les autres groupes ; car cette prédominance serait une condition capable de provoquer, ou tout au moins de favoriser, les déformations du corps. 

Non seulement l'inégalité du développement des muscles peut troubler l'harmonie des proportions, mais encore l'inégale distribution des forces musculaires peut causer des attitudes vicieuses et des déviations de la taille. Si la colonne vertébrale d'un homme debout garde une direction parfaitement verticale, c'est grâce à l'égalité des forces qui agissent sur elle en sens inverse.

On peut comparer la colonne vertébrale à un mât planté debout et maintenu en place par un système de cordages symétriques qui partiraient de sa pointe pour aller se fixer au sol ; les uns vers la droite et les autres vers la gauche, comme font les haubans d'un navire. Si toutes les cordes sont également tendues, leur action se fait équilibre et le mât reste vertical ; mais, si les cordes sont plus tendues à droite qu'à gauche, le mât penchera vers la droite, et inversement.

De même la colonne vertébrale est maintenue dans son attitude correcte, grâce à l'égale tension des cordes fibreuses par lesquelles les muscles du dos symétriquement disposés viennent s'attacher à droite et à gauche des vertébrés. Et si la force des muscles droits devient supérieure à celle des muscles gauches, la colonne vertébrale s'inclinera vers le côté droit, comme le mât, tout à l'heure, penchait dans la direction des haubans trop tendus. — C'est cette déformation latérale de la taille, si commune dans l'âge de la croissance, qu'on appelle la scoliose.

Tous les exercices qui donnent plus de travail (et par conséquent communiquent plus de vigueur) aux muscles d'un côté qu'à ceux de l'autre favorisent la scoliose, en détruisant l'équilibre des forces auxquelles est dévolu le maintien de l'attitude verticale; et il y a malheureusement trop d'exercices, parmi ceux qu'on est habitué à choisir pour l'enfant, qui font travailler un seul côté du corps; laissant s'atrophier certains muscles pendant que les muscles d'action opposée s'hypertrophient.

La boxe française est donc le type des exercices qui ne déforment pas le corps. Mais on peut dire plus, c'est le type des exercices qui peuvent redresser la taille quand elle tend à se dévier : c'est un exercice véritablement doué d'un effet orthopédique positif.

L'orthopédie, qui est l'art de redresser les déviations de la taille, ne se borne pas, comme on le croit trop souvent, à appliquer des corsets et autres appareils de redressement mécanique.

Elle emploie aussi et surtout des mouvements raisonnés, pour rétablir l'harmonie dans l'action des muscles qui maintiennent la colonne vertébrale dans la direction normale. Parmi les exercices de la gymnastique orthopédique les plus propres à corriger les déviations de croissance, presque toujours produites par un vice habituel de la tenue, sont les exercices d'équilibre et les exercices de souplesse.

Les Suédois, nos maîtres en orthopédie, habituent les jeunes filles à marcher sur l'étroite arête d'une planche placée de champ ; ils les exercent aussi à courir sur la pointe des pieds, en portant sur la tête de légères corbeilles qui tomberaient au moindre déplacement du centre de gravité.

Elles font ainsi l'éducation des muscles dorsaux qui s'habituent à agir ensemble dans une parfaite harmonie ; les muscles du côté droit exerçant sur la vertèbre une action toujours égale à celle des muscles gauches qui lui font opposition.

De ce parfait accord des forces antagonistes résulte la stabilité du centre de gravité grâce à la direction parfaitement verticale que prend la colonne vertébrale.

Par la répétition fréquente de ces exercices, la jeune fille conserve, même au repos, l'attitude que ses muscles bien disciplinés se sont habitués à donner aux vertèbres. Elle acquiert ainsi une taille droite et un maintien parfait ; que les exercices de force ne pourraient lui donner comme ces exercices d'équilibre.

Quant aux exercices de souplesse, chacun a pu remarquer combien ils contribuent à donner au corps une tenue correcte et une tournure élégante. La souplesse de la taille est une condition sans laquelle le corps ne peut trouver rapidement son équilibre dans les divers changements de position qu'on lui fait subir.

Pour que la direction de la colonne vertébrale soit parfaitement correcte dans toutes les attitudes du corps, il faut que les vertèbres puissent glisser les unes sur les autres avec facilité dans toutes les directions : c'est pourquoi la souplesse se développe à l'extrême dans les exercices où le buste doit à chaque instant se déplacer avec rapidité en avant ou en arrière, vers la droite ou vers la gauche, sans jamais perdre son aplomb. 

En orthopédie le premier temps du traitement des déviations de la taille consiste à mobiliser les vertèbres du dos et des reins, toujours raidies et à demi ankylosées chez les sujets déviés. On ne peut les redresser sans avoir produit cet assouplissement préalable.

Telle est l'importance, en orthopédie, des exercices d'équilibre et des exercices de souplesse.

Or la souplesse et l'équilibre sont les deux qualités que développe au plus haut degré la boxe française. Il suffit de parcourir le beau livre de Charlemont, et même simplement d'en regarder les planches, pour voir à quel point la faculté de garder l'équilibre doit se développer en boxant. Impossible de donner un coup de pied sans déplacer le centre de gravité du corps. 

 Il faut, avec la rapidité de l'éclair, assurer son aplomb sur une seule jambe, pendant que l'autre fouette le « coup de pied horizontal » à hauteur de poitrine, lance à hauteur de tête le « coup de pied de figure » ou détache à longue portée le « coup de pied bas ».

Quant à la souplesse, c'est la qualité maîtresse des tireurs qui excellent dans le coup de pied. Si la perfection de l'équilibre est indispensable à l'homme qui doit chercher son aplomb d'une jambe à l'autre en déplaçant rapidement le centre de gravité du corps, la souplesse parfaite des ligaments vertébraux est indispensable aux déplacements très étendus du buste sans lesquels les coups de pied ne pourraient arriver à la hauteur voulue.

Tous les coups de pied (à l'exception du coup de pied « bas » et du coup de pied « direct »), se donnent par l'écartement latéral du membre inférieur, ou, suivant l'expression physiologique, par un mouvement d'abduction. Or le mouvement d'abduction de la cuisse est naturellement très peu étendu.


portrait du docteur FERNAND LAGRANGE


S'il était strictement localisé dans l'articulation de la hanche, les autres articulations restantes immobiles, le pied ne dépasserait pas le genou de l'adversaire et nous savons que le tireur doit pouvoir porter le pied à hauteur de figure. Si le coup arrive à hauteur voulue, c'est que les articulations du bassin avec les vertèbres et celles des vertèbres entre elles permettent, grâce à leur souplesse, de décupler l'étendue du mouvement.

Aussi voit-on, quand le coup se détache, les reins se creuser et se ployer, le tronc s'infléchir et se courber en arc, afin de permettre au bassin d'accompagner la cuisse et la jambe, et de décupler ainsi l'amplitude du mouvement.

Pour se rendre compte du degré de souplesse que peut développer la boxe bien faite, il faut comparer un boxeur professionnel avec un homme du même âge : il faut voir Charlemont père, qui touche aujourd'hui à la soixantaine, passer la jambe par-dessus la tête d'un adversaire plus grand que lui, et, trompant sa parade, venir le toucher à la poitrine avec autant de délicatesse qu'un maître d'armes qui place son coup de bouton, après avoir trompé un contre.

Mais la boxe française n'est pas seulement utile au développement de la souplesse et de l'équilibre, à l'hygiène de la croissance et au redressement de la taille. 

À côté de ces bénéfices, utiles surtout pour les enfants et les jeunes gens, cet exercice en apporte d'autres qui sont précieux pour l'homme fait et même pour l'homme mûr.

De trente à cinquante ans, chez l'homme à vie sédentaire, homme de bureau ou homme de plaisir, les troubles les plus fréquents de la santé dus au manque d'exercice sont des troubles de la digestion : défaut d'appétit, atonie de l'estomac et des intestins, ballonnement, lenteur des fonctions digestives, avec tout le cortège des congestions, lourdeurs de tête et vertiges qui en sont la conséquence.  

Parmi les facteurs de ces troubles digestifs, il faut noter en première ligne le défaut d'action des muscles abdominaux, muscles qui forment les parois du ventre en avant, et qui doublent, en arrière, la cavité où sont renfermés l'estomac, les intestins et le foie.

La nature a prévu et pour ainsi dire escompté l'action de ces muscles : ils sont les auxiliaires d'une série d'autres muscles plus petits et plus faibles non soumis à la volonté et qui entrent dans la structure intime des parois du canal où cheminent les aliments. Il y a, dans la digestion, des actes chimiques qui transforment les matières ingérées dans l'estomac en principes assimilables ; mais il y a aussi, dans cette fonction, des actes mécaniques de la plus haute importance. 

Les aliments doivent être soumis, par les fibres musculaires de l'intestin, à une sorte de pétrissage qui les imprègne des sucs sécrétés par les glandes et à une poussée énergique qui leur fait franchir dans le temps voulu les diverses étapes de leur trajet.

Il faut que, dans ce travail, les muscles intestinaux soient secondés par l'action des mouvements abdominaux. 

Et c'est en cela que les hommes adonnés à de durs travaux, ceux qui manient la pioche ou le marteau, ceux qui se baissent et se relèvent cent fois par heure pour soulever et déplacer des fardeaux, tous ces hommes qui gagnent si péniblement leur nourriture, la digèrent du moins avec une extrême facilité ; pendant que l'homme oisif, sur les sièges moelleux de son cercle, ou l'employé de bureau sur son « rond-de-cuir » se sentent alourdis pendant des heures par leur dîner qui « ne passe pas ».

Et notons qu'un exercice banal, comme la marche, ne suffit pas toujours pour faire cheminer, avec la régularité voulue, le bol alimentaire qui s'attarde sur l'estomac. La marche ne met pas en œuvre les muscles abdominaux. 

Ceux-ci n'entrent en jeu que dans les mouvements où le tronc se fléchit, comme chez le forgeron qui bat le fer, ou bien tourne sur lui-même comme chez le faucheur; ou, encore, dans ceux où les genoux s'élèvent en se rapprochant de la poitrine, dans ceux où les reins se ploient de côté pour rapprocher la poitrine de la hanche; dans ceux, en un mot, qui fléchissent la colonne vertébrale ou qui la font tourner sur son axe, car ces mouvements de flexion et de rotation sont provoqués par l'action des muscles abdominaux.

Et ce n'est pas seulement pendant la durée de l'exercice que ces mouvements favorisent la digestion. Même au repos, les muscles abdominaux ont un rôle considérable dans la fonction digestive, par le soutien qu'ils fournissent à la masse de viscères, par la compression que leur élasticité fait subir aux gaz dont l'expansion exagérée « ballonnerait » l'estomac et l'intestin.

En disposant autour des intestins ces larges muscles qui les enserrent, la nature a voulu créer un moyen de fixation et de soutien, une sorte de ceinture élastique, autrement efficace que les tissus caoutchoutés par lesquels on cherche à y suppléer quand les muscles ont perdu leur force et leur ressort, chez les malades atteints d'atonie musculaire de l'abdomen. Le défaut de fermeté des muscles qui soutiennent le ventre permet aux gaz intestinaux de forcer la résistance des parois du canal digestif, de distendre et de dilater l'estomac et l'intestin.

L'atonie de ces muscles permet en outre à la lourde masse des viscères de se déplacer au moindre mouvement, de tirailler les ligaments auxquels elle est suspendue ; d'où mille sensations pénibles qui retentissent sur le système nerveux pour provoquer la neurasthénie; d'où, aussi, mille obstacles apportés à la circulation régulière des aliments dans un canal que ces déplacements anormaux peuvent couder ou tordre sur lui-même, comme l'a si bien exposé mon confrère et ami le docteur Glénard, en décrivant la maladie qu'il a nommée l'entéroptôse, c'est-à-dire le déplacement et la descente des organes digestifs.

Si donc, on veut conserver aux muscles du ventre la vigueur et la fermeté qui en font les auxiliaires indispensables de l'estomac et de l’intestin ; si, de plus, on veut leur donner la force de s'opposer au dépôt des éléments graisseux qui font « prendre du ventre » aux hommes de vie sédentaire, à ceux dont, justement le ventre ne travaille jamais. Que pour digérer, il faut exercer ces muscles et leur donner un travail quotidien au moyen d'un exercice approprié.

Or la boxe française, plus que tout autre exercice, fait travailler les muscles abdominaux. Aussi bien pour le coup de pied que pour le coup de poing, autant pour « esquiver » le coup que pour le porter, la paroi de l'abdomen travaille chez le boxeur.

Quand la jambe se lève, c'est un muscle latéral du ventre qui fait basculer le bassin et le place dans une position oblique, indispensable à la grande étendue du mouvement. De même, pour le coup de poing, ce sont les muscles abdominaux qui travaillent bien plus encore que ceux du bras. 

Chacun sait que, chez le boxeur, le bras est fouetté en avant par l'épaule ; mais l'épaule elle-même est portée d'arrière en avant par un mouvement de pivot qui fait tourner le thorax buste autour de l'axe vertical de la colonne vertébrale. Et c'est d'un muscle de l'abdomen, le grand oblique, que procède la force employée pour ce mouvement de rotation, sans lequel le coup de poing ne peut être porté « à fond ».

C'est « du ventre », et non des reins comme on le dit parfois à tort, que doit partir un coup de poing bien appliqué ; et les muscles du ventre travaillent aussi pour lancer le coup de pied à hauteur voulue. Aussi la boxe française est-elle un exercice qui s'adapte aussi bien aux troubles de la santé les plus fréquents dans l'âge mûr qu'aux vices de développement les plus à redouter dans l'âge de la croissance.

C'est, de plus, un exercice récréatif et relativement facile ; facile au point de vue de l'effort qu'il nécessite, car il ne s'agit jamais ici de mouvements athlétiques, chaque membre n'ayant à mouvoir que son propre poids et ne devant exécuter que les mouvements auxquels il est naturellement destiné ; facile encore — au moins si on le compare à d'autres genres d'escrime — dans la technique de ses mouvements. 

Si la pratique de l'assaut laisse au perfectionnement du tireur un champ infini, on peut dire, du moins, que les leçons en sont faciles à suivre pour un homme même lourd, même peu habile à se servir de ses membres, eût-il atteint les limites de l'âge mûr.

Et, même dans la simple leçon où l'on se borne à exécuter conventionnellement les divers mouvements et les diverses phrases de la boxe française, on trouvera un intérêt suffisant pour que cet exercice puisse devenir une distraction.

Tels sont donc les arguments rationnels qu'on peut tirer de l'analyse scientifique de la boxe française pour en établir la valeur au double point de vue de l'éducation physique et de l'hygiène.

Et l'on voit que bien des raisons valables nous autorisent à proclamer la supériorité de cet exercice sur la plupart des autres exercices de sport.

Docteur FERNAND LAGRANGE.


PRÉFACE DE L'AUTEUR


La boxe existe depuis le commencement du siècle, sous plusieurs formes différentes. Les Grecs, les premiers, en firent un exercice qu'ils nommaient « Pugilat ». Ils le faisaient figurer dans leurs jeux et dans leurs fêtes. C'était le combat à coups de poing. Ils le pratiquaient les mains garnies d'un gantelet formé de lanières de cuir, qui était parfois garni de lames de métal, en fer ou en plomb; on le nommait « le Ceste ».

Il y eut souvent des combats terribles dans lesquels le vaincu trouvait parfois la mort et le vainqueur était plus ou moins maltraité. Les Grecs pratiquaient aussi un autre exercice : « le Pancrace » ; c'était la lutte mêlée de pugilat.

Les Anglais ont continué, en fait de pugilat, la tradition antique, et pratiquent encore aujourd'hui ce qu'on appelle : « la Boxe anglaise » (English-Boxing) ; c'est le combat à coups de poing qui se fait de deux manières : la première, que nous appelons assaut, est le « Sparing-Boxing » ; les mains sont garnies de gants de peau rembourrés de crin. La seconde est le combat à poings nus, qui fait souvent, presque toujours, l'objet de matches et de paris où d'énormes sommes d'argent sont engagées.

C'est vers le quatorzième siècle que la boxe fut introduite en Angleterre. Elle s'y pratique beaucoup de nos jours comme première manière et paraît vouloir entrer dans une nouvelle phase, comme éducation physique et exercice hygiénique ; quant aux combats à poings nus, ils deviennent de plus en plus rares.

La boxe française vient à peine de naître ; elle n'a pas encore un siècle d'existence. Ce n'est que vers 1824 qu'elle fait son apparition ; sous le nom de « la savate ». De son origine, on ne sait pas grand-chose.

Comment est-elle née ? Qui en a été le principal inspirateur, le véritable créateur ? Les premiers professeurs connus à cette époque étaient : Michel dit Pisseux, Moufflet, Gousset, Charles Lecour, Leboucher et Lozes, mais avant eux ? Qui a été leur maître ? nul ne le sait.

Les uns disent que Michel dit Pisseux introduisit le premier les éléments de la savate, en réunissant quelques coups usités dans les barrières de Paris, et en forma une théorie que nous avons du reste entre les mains ; aucun autre document ne peut nous éclairer d'une manière précise sur le véritable auteur de la savate. 

D'autres prétendent que la ville de Caen en a été le berceau.
On cite parmi les maîtres anciens, Fanfan, Sabattier, Baptiste, qui compta le duc de Berry au nombre de ses élèves ; Mignon, Rochereau, Carpe, Champagne, François, Toulouse et Gadou.

On attribue à Charles Lecour l'adjonction des coups de poing à la savate. Alexandre Dumas lui-même raconte, dans un de ses ouvrages, que ce professeur est allé à Londres pour apprendre la boxe anglaise, mais c'est là une erreur que nous avons, d'ailleurs, reproduite dans notre premier traité de boxe et que Charles Lecour nous a priés de rectifier.

Il prit des leçons de boxe anglaise à Paris, avec Adams, boxeur anglais, à la suite d'un combat que celui-ci eut avec Owen Swift, et auquel Charles Lecour assistait. Les premiers principes de la boxe française lui furent enseignés par Michel Pisseux, qui pratiquait déjà les coups de poing.

Quant au chausson marseillais, nous connaissons peu de chose sur son origine, qui doit être fort éloignée. Louis Garneray, peintre de marine, raconte que, pendant sa captivité sur les pontons anglais, il assista souvent à des assauts de chausson dont les acteurs étaient des Français prisonniers, contre des Anglais qui se servaient des poings seulement.

Depuis longtemps on pratiquait à Marseille, à Aubagne, à Toulon et quelques petites localités, un jeu de lutte qui consistait à se toucher avec la pointe du pied. 

Les coups ne se comptaient que de la ceinture aux épaules et du menton au front; ceux qui étaient portés sur le cou et les bras ne se comptaient pas. Chaque adversaire tirait à son tour et devait attendre pour riposter que son antagoniste ait terminé son attaque. Les tireurs cherchaient plutôt à produire des effets de jambe qu'à se toucher.

Plus tard, on essaya de perfectionner le chausson en y adaptant la boxe anglaise, que quelques prisonniers revenus des pontons avaient importée à Marseille, mais les coups de poing étaient de simples tapes données avec le dos ou l'intérieur de la main, sur la poitrine et rarement, très rarement même, sur la figure.

L'assaut s'ouvrait toujours par une série de coups de pied en tournant que chaque adversaire exécutait à tour de rôle, pendant un temps plus ou moins long; plus les coups de pied en tournant étaient nombreux, plus les tireurs étaient applaudis. Il y a une vingtaine d'années, un tireur de talent parmi les tireurs de chausson fut un nommé Isnard, qui devint le champion de Provence ; il avait modifié totalement la manière habituelle de tirer ; il évitait les fioritures si chères à ses devanciers et ne cherchait pas à exécuter des ronds de jambe, mais bien à toucher son adversaire. 

Il eut de nombreux rivaux qui critiquaient sa manière de faire, mais qui durent baisser pavillon devant la supériorité écrasante de celui qu'ils accusaient de vouloir tuer le chausson.

Quelques-uns, depuis, ont voulu imiter Isnard ; ils ne sont arrivés qu'à une médiocre réputation, parce qu'ils tiraient comme des machines, au hasard, et sans se rendre compte du rôle que l'intelligence joue chez un tireur savant.

Peu importe l'origine de la boxe française et ses promoteurs réels; il ne reste pas moins acquis que les premiers professeurs dont nous parlons ont fait leur devoir et ont donné à la boxe française ce que l'on pouvait espérer à cette époque. 

Étant données la lenteur que mettent les choses à se propager et les luttes de toutes sortes qu'ont eu à soutenir les initiateurs de cet art, on reconnaîtra facilement qu'en soixante-dix ans un exercice, qui n'est pas absolument de première nécessité dans la vie matérielle, a fait cependant un chemin rapide ; il faut avouer aussi que c'est aux efforts dévoués et intelligents de professeurs, qui devaient en même temps vivre de leur profession, qu'on doit les progrès et les perfectionnements du travail commencé par les anciens.

Actuellement, la boxe française est solidement établie en France; on peut dire qu'elle est entrée dans nos mœurs et appréciée justement. Si on la pratique moins que l'escrime et la gymnastique, c'est qu'elle est plus jeune d'origine et qu'elle n'a pas été bien comprise de prime abord.

De grands assauts publics et de belles fêtes fréquemment données ont beaucoup contribué à développer le goût de cet excellent exercice, en mettant le public à même de juger ce qu'il ne pouvait croire, car rien ne peut convaincre comme de voir.

Beaucoup de spectateurs, imbus de fausses idées sur la boxe, sortaient d’un grand assaut sincèrement convaincu qu'ils s'étaient trompés et devenaient ensuite des admirateurs.

Dans tous ses assauts, Charlemont a eu l'heureuse idée de faire figurer la démonstration de la théorie pratique de la boxe française. C'est un excellent moyen d'initier le public à l'enseignement de cet admirable exercice, et le maître a eu en cela des imitateurs; car nous voyons maintenant les autres professeurs faire dans leurs assauts la démonstration de la boxe et même de la canne.

Il est vrai de dire que les assauts d'aujourd'hui laissent loin derrière eux ceux d'autrefois, donnés dans des salles peu élégantes et plus ou moins bien fréquentées. Les tireurs s'harmonisaient avec elles, par leurs costumes et leur tenue; les uns en pantalon de ville, d'une propreté douteuse et tenue par une des deux bretelles, ou une ceinture de débardeur, rouge ou bleue ; d'autres en tricot marin, rayé bleu et blanc, une paire de chaussons ou d'espadrilles. 

Aujourd'hui, autre temps, autres mœurs; les salles sont splendides, spacieuses et situées dans les plus beaux quartiers de Paris, telle : la salle des Agriculteurs de France, celle des fêtes de l'Hôtel-Continental et du Grand-Hôtel, la Comédie-Parisienne et le magnifique Cirque des Champs-Élysées. La tenue des tireurs s'accorde avec l'élégance de la salle : jolis costumes de flanelle, ceintures de soie, gants et bottines de peau fine, le tout de bon goût et d'une grande propreté.

Nous avons assisté à ces magnifiques fêtes données par Charlemont, Leclerc et la Société des Boxeurs Français, fondée par Charlemont père et fils. 

Les salles étaient bondées de monde et du meilleur; plusieurs milliers de spectateurs, des familles -entières y assistaient; les dames et les demoiselles, en grand nombre, en toilettes fraîches et luxueuses ; les messieurs en tenue de cérémonie; on se serait cru à une soirée de première à l'Opéra. Tout ce monde rehaussait l'éclat de la fête et concordait bien avec le lieu, prouvant en même temps l'intérêt que provoquent aujourd'hui les assauts de boxe. On distribuait à l'intérieur, et gratuitement, le programme illustré des assauts et des fleurs aux dames; c'était charmant.

La boxe plaît aux dames, c'est un progrès, c'est aussi d'un bon augure; la partie est gagnée. On dit que lorsque les dames se mêlent de révolution, c'est signe de victoire. Nous sommes donc rassurés sur l'avenir de la boxe, sa révolution se fait tous les jours avec le concours des dames et sans aucun danger.

Sans aucun danger, nous insistons sur ce dernier mot, car depuis que la boxe française existe, il n'y a pas trace du moindre accident; tout se borne à un œil poché, et très rarement encore ; un bleu aux jambes ou au corps, et ceci ne peut avoir lieu que dans les assauts, car pendant l'enseignement rien n'est à craindre des coups. 

La boxe française s'enseigne comme la grammaire, le dessin ou la musique. Nous pouvons ajouter que c'est le seul de tous les exercices physiques où il n'y ait jamais d'accident, contrairement à l'escrime à l'épée et à la gymnastique aux agrès, où il peut se produire des accidents graves et souvent mortels ; tout le monde sait cela.

Dans la boxe française, rien de pareil n'est à craindre.


On peut affirmer que la boxe française est le meilleur de tous les exercices gymnastiques pour les enfants et les jeunes gens ; sans offrir de danger; elle donne la souplesse et l'agilité, fait travailler le côté gauche autant que le côté droit, développe la force avec harmonie et donne une grande adresse à tous les membres.

Dans son livre la Physiologie des exercices du corps, page 302, le docteur Fernand Lagrange, après avoir analysé tous les exercices physiques au point de vue du développement rationnel, conclut à la supériorité de la boxe française sur tous les autres exercices.

La boxe française combat, chez l'enfant comme chez l'homme, la timidité ; elle aide à réagir dans des moments que l'on pourrait traiter de poltronnerie ; en un mot elle donne, par le sang-froid acquis, l'énergie et la bravoure.

Ce n'est pas seulement un exercice mécanique, l'intelligence y trouve aussi sa part de travail, car on ne fait bien la boxe qu'en la raisonnant.

C'est une erreur de croire qu'elle rend batailleurs ceux qui en font; nous sommes bien placés pour pouvoir affirmer le contraire, et soutenir que, généralement, les hommes forts ou adroits n'abusent jamais de leurs moyens. 

Il arrive parfois que deux personnes en discussion en viennent aux mains; pourquoi ? Parce qu'elles ne possèdent pas le sang-froid nécessaire ni la confiance en elles-mêmes; elles s'énervent et frappent pour ainsi dire sans s'en être aperçues, presque contre leur volonté ; elles ne sont pas maîtresses d'elles-mêmes.

Une personne bien exercée n'agira point ainsi, elle conservera son sang-froid, sa confiance dans sa force et son adresse, restera calme, polie, et désarmera le plus souvent son adversaire par son attitude énergique. Lorsqu'on est fort et adroit, on ne se sert de ses moyens que dans les cas extrêmes de légitime défense.

Il est de première nécessité de bien connaître la boxe; alors ni la force, ni l'adresse, ni la vitesse, ni l'audace, ni la méchanceté, ne peuvent rien contre cette science qui réunit toutes les qualités, complétées par le raisonnement.

Aussi quelques mois ne suffisent pas pour faire un boxeur émérite, capable de se défendre sérieusement, avec avantage; il serait même dangereux de se servir des principes de la boxe avant d'être suffisamment exercé.

Il faut au moins une année de bonnes leçons, des dispositions physiques, et avoir fait beaucoup d'assauts avant de pouvoir se risquer dans un combat. 

Il est arrivé parfois que des personnes ayant pris des leçons se soient fait battre par d'autres ne sachant rien, ce qui faisait dire qu'il n'était pas nécessaire de prendre des leçons, puisqu'on pouvait être battu par quelqu'un n'en ayant pas pris.

Ceci prouve tout simplement que ces personnes n'étaient pas assez exercées, c'est ce que nous disons plus haut ; il faut une connaissance parfaite de la boxe pour s'en servir.

Nous avons eu souvent à répondre à des questions posées dans les termes suivants : si vous vous battiez, que feriez-vous?

— Nous n'en savons rien. — Mais si on vous attaquait ? — Nous nous défendrions. — Comment ? — Nous ne savons pas. — Mais vous, comment attaqueriez-vous ? — Nous ne savons encore pas. — Mais puisque vous connaissez la boxe ? — Tout cela dépendra de l'adversaire, nous combattrons suivant les circonstances qu'il est impossible de prévoir à l'avance; toutes les manières de combattre ne se ressemblent pas.

Cela dépend des aptitudes physiques de l'adversaire, de son tempérament, de ses moyens de défense et de son attitude. On ne peut combattre ou régler sa défense que d'après le mode d'attaque ou de défense de l'adversaire. Il faut compter avec l'imprévu, et c'est pour cette raison même qu'il faut posséder un grand nombre de moyens afin de pouvoir les appliquer les uns et les autres suivant les circonstances.

Notre théorie est très complète, en ce sens qu'elle donne à chacun tous les moyens nécessaires pour combattre divers adversaires. Les uns se tiennent sur la défensive, les autres (et c'est le plus grand nombre) prennent l'offensive. 

Les uns se servent des pieds, les autres des mains, pour frapper, ou bien de la tête ; il y en a qui cherchent à vous saisir à bras-le-corps. On doit donc être bien préparé et très exercé pour diriger sa défense avec efficacité, dans tous les cas qui se présenteraient.

Nous tenons absolument à conserver à la boxe son caractère sérieux, la défense, qui est d'abord sa raison d'être; puis, nous plaçant à un point de vue plus général, nous voulons donner à nos élèves des moyens efficaces de succès pour le combat ; nous tenons aussi à donner à la boxe ce qu'on serait en droit d'appeler l'utile joint à l'agréable, c'est-à-dire la grâce, l'élégance et la bonne tenue dans les assauts ; ces qualités doivent faire partie de cette science, elles ne peuvent que la rehausser aux yeux des personnes ne la connaissant pas et lui donner plus d'attrait en vue de sa vulgarisation.

Nous voudrions revoir ces magnifiques assauts d'autrefois, dont les anciens se souviennent encore, où le côté fantaisiste n'excluait pas le côté sévère et classique, où les tireurs déployaient des qualités qui en faisaient des boxeurs hors ligne; la souplesse, l'adresse et l'agilité, les coups portés à longue distance avec à-propos, une rapidité et une précision admirable donnaient au public une impression agréable de la beauté de l'exercice, et en même temps de ce que pouvaient produire dans un combat des tireurs possédant de tels moyens. 

Ces assauts laissaient bien loin la brutalité qu'on voit aujourd'hui chez certains tireurs qui sacrifient la science de la boxe au bénéfice d'un faux amour-propre; leur façon d'agir ne leur donne généralement que de médiocres résultats.

L'assaut n'est pas un combat, il n'en est qu'un simulacre, et nous désirons qu'il en soit toujours ainsi; nous ferons tous nos efforts en ce sens, parce que le jour où les assauts se transformeraient en combats, la boxe y perdrait de son prestige et les amateurs s'en éloigneraient.

Il suffit de se rendre compte de l'impression du public à cet égard et de prendre comme comparaison les jeux de boxe anglaise, intercalés dans les programmes des assauts; ils ressemblent presque à un combat, les règles de la boxe anglaise permettant de faire des séries de coups et de ripostes, étant touché; et ayant touché de continuer ; il s'ensuit que le contact étant immédiat, les engagements fréquents et les coups portés très nombreux, ceux-ci ne peuvent être donnés avec la modération et la courtoisie qu'on est en droit d'exiger dans un assaut. Aussi les coups sont-ils très durs et quelquefois dangereux ; c'est même bien là du combat.

En assistant aux assauts donnés en France, il est facile de se rendre compte que les assauts de boxe anglaise sont peu goûtés du public, en général, et cela en raison de ce qu'ils ressemblent le plus au combat, et qu'on y croit voir plus de danger.

La boxe, tel qu'on la pratique en Angleterre et en Amérique, ne peut pas dès à présent s'acclimater en France, notre tempérament s'y oppose.


 *** Fin de l'extrait. Page 20/287 ***

 

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