Livre La Leçon de Lutte de François le Bordelais (Tome 2)
Présentation
François le Bordelais est le pseudonyme de Paul Levacher (1849 - 1933). Professeur et arbitre de lutte qui publia deux traités.
Dans ce second tome de 73 pages, il nous enseigne les coups interdits ainsi que divers coups complémentaires à la première leçon de lutte du tome 1.
Le livre en résumé :
- Lutte Française de 1907 (suite de Tome 1 du même auteur)
- Police Calibri 14
- 45 Illustrations
- 73 pages
Sommaire
AVANT-PROPOS DES COLLABORATEURS POUR LA 2e LEÇON DE LUTTE
OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LE RÉGIME, L’HYGIÈNE & L'ENTRAÎNEMENT DES LUTTEURS
DE LA GYMNASTIQUE FRANÇAISE ET DE LA GYMNASTIQUE SUÉDOISE
COUPS DÉFENDUS
LE COLLIER DE FORCE
LE COLLIER DE FORCE EN ARRIÈRE
LA CRAVATE DE FÉNÉLON
LA CRAVATE DE PONS
LA CRAVATE DE FRANÇOIS LE BORDELAIS
TOUR DE HANCHE EN TÊTE EN PASSANT LA JAMBE
TOUR DE HANCHE EN CEINTURE EN PASSANT LA JAMBE
CEINTURE EN SOUPLESSE À TERRE AVEC ENTRAVE
CEINTURES PRISES TROP BAS
PRISE DE BRAS À L'AMÉRICAINE
PRISE DE BRAS À L'AMÉRICAINE AVEC APPUI SUR LA NUQUE
COUPS DIVERS
CLEF DE TÊTE
LA PRISE DE TÊTE À TERRE SIMPLE & LA PRISE DE TÊTE À TERRE DOUBLE
TOUR DE TÊTE COMME RIPOSTE À UNE CEINTURE DE DERRIÈRE
TOUR DE HANCHE EN CEINTURE COMME RIPOSTE A UN TOUR DE HANCHE EN TÊTE
PARADE D'UNE CEINTURE DE DEVANT AVEC RIPOSTE COUP FAVORI D'ARPIN
EMPÊCHER DE PONTER ET DE S'ÉCHAPPER À DROITE OU À GAUCHE
ÉCRASEMENT DU PONT
CEINTURE DE DEVANT AVEC PRISE DES DEUX BRAS
CEINTURE HANCHÉE DEBOUT OU FAUSSE CEINTURE DE DERRIÈRE
CEINTURE À LA FAOUET
CEINTURE DE TRAVERS À LA MARSEILLE JEUNE DIT LE LION DU PALUD
RAMASSEMENT DU BRAS PAR LES DEUX MAINS AU-DESSUS DU COUDE
BRAS ROULE À TERRE PAR LE POIGNET EN TOURNANT PAR TOUR DE REINS
DERNIER TEMPS D'UN BRAS ROULÉ DEBOUT OU À TERRE ARRÊTÉ PAR UNE CLEF
CEINTURE EN SOUPLESSE EN ARRIÈRE
CEINTURE EN SOUPLESSE EN ARRIÈRE
AUTRE FAÇON DE FAIRE LA CEINTURE DE DERRIÈRE
CEINTURE DE DERRIÈRE EN SOUPLESSE PAR LA CLEF DU BRAS
PARADES ET RIPOSTES DE LA CEINTURE EN SOUPLESSE EN ARRIÈRE
Extrait des premières page du livre
AVANT-PROPOS DES COLLABORATEURS POUR LA 2e LEÇON DE LUTTE
Le succès qu'a obtenu notre première leçon de lutte (tome 1) nous a engagés à éditer une deuxième leçon.
Il faut bien avouer cependant que le premier livre n'était pas-très amusant. Il maintenait l'élève dans les premiers coups classiques et élémentaires, étant en quelque sorte la grammaire de la lutte.
Le second volume que nous donnons ici n'a plus cette monotonie que devait avoir nécessairement le premier.
Nous supposons l'élève plus débrouillé et nous n'avons pas cru devoir nous appesantir alitant sur la décomposition des coups. Dans plusieurs cas, nous renvoyons le lecteur au premier livre pour éviter des répétitions inutiles.
Nous n'avons pas ici la prétention d'avoir épuisé le sujet, les coups de lutte étant tellement nombreux et variés qu'il faudrait bien des volumes pour les décrire, et encore bien imparfaitement. Notre ambition a été de faire avancer d'un pas l'étude si intéressante de ce sport.
Ce livre s'adresse particulièrement aux jeunes gens qui veulent pratiquer la lutte en se maintenant dans les principes et la tradition.
OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LE RÉGIME, L’HYGIÈNE & L'ENTRAÎNEMENT DES LUTTEURS
RÉGIME ET HYGIÈNE
Une grande sobriété jointe à une vie régulière est, sans aucun doute, la condition primordiale qui permet à un lutteur de conserver longtemps ses forces. Nous pourrions citer quelques brillants lutteurs qui ont mené gaillardement de front la lutte et les excès ; mais ils sont vite tombés à plat et se sont trouvés vidés en un an ou deux.
Par contre Piętro qui était très sobre, a conservé son titre de champion jusqu'à l'âge de 45 ans, et aujourd'hui Paul Pons, que l'âge ne semble pas devoir affaiblir, est d'une sobriété exemplaire. Des Turcs, qui sont presque tous végétariens de père en fils, et surtout buveurs d'eau depuis Mahomet, ont une énergie et une endurance bien supérieures aux nôtres. De vieux préjugés qui font croire que le vin donne des forces n'existent plus pour tous ceux qui ont vu à l'œuvre Yousouf, l'incomparable champion des lutteurs du Sultan.
Les anciens Romains avaient pensé que la viande fortifiait et ils recommandaient aux lutteurs d'en user largement.
Cette opinion, qui s'était perpétuée jusqu'à nos jours et était assez généralement admise, a été combattue par les végétariens qui regardent la viande comme un excitant nuisible, et nous pourrions citer plusieurs de leurs adeptes qui, notamment en Allemagne, ont remporté de grands succès dans des courses de fond très dur, telles que la course de Berlin à Dresde. La question n'étant pas absolument élucidée, le parti le plus sage, quant à la viande, est d'en user très modérément.
Pour la boisson, il n'y a pas de doute, l'eau pure est de beaucoup la boisson la plus naturelle et la meilleure. Celles qu'on a bien improprement appelées hygiéniques, sont d'autant plus nuisibles qu'elles contiennent plus d'alcool.
Quant aux liqueurs-apéritifs et autres poisons plus ou moins déguisés, nous n'en parlerons pas, leur procès n'étant plus à faire (1).
L'ENTRAÎNEMENT
Des exercices gymnastiques sont une excellente préparation pour le jeune homme qui désire faire de la lutte. Des appareils tels que trapèze, anneaux, barres fixes et corde lisse, donnant une grande force de traction, permettent au lutteur qui s'y est adonné d'attirer vigoureusement l'adversaire à lui.
(1) Nous félicitons ici M. Deriaz d'avoir eu le courage de supprimer l'absinthe à son établissement.
N'oublions pas que l'alcoolisme augmente chez nous dans des proportions alarmantes tandis qu'il diminue notablement dans les pays voisins. Pour la consommation de l'absinthe, le résultat de récentes statistiques est stupéfiant. Non seulement nous sommes au premier rang, mais il s'en consommerait en France plus que dans tout le reste du monde !...
Devant ce péril national, nous n'osons espérer que notre gouvernement prendrait l'initiative de la prohibition complète qui honore la Belgique, la Suisse et quelques États d'Amérique. Nous faisons toutefois des vœux pour que M. Deriaz ait beaucoup d'imitateurs.
Des sports en général sont bons ; il faut cependant faire un choix. Ainsi il ne faudrait pas trop s'adonner aux gros poids qui alourdissent et donnent de la raideur, le lutteur ayant besoin de vitesse et de souplesse. Des champions des poids lourds ne sont pas ordinairement de bien bons lutteurs.
La bicyclette et la course à pied donnent du souffle, mais sont un peu déprimantes, c'est pourquoi il ne faut en faire que modérément.
Le lutteur qui veut se préparer à un championnat doit se soumettre à un entraînement sévère. Cet entraînement consiste à veiller scrupuleusement sur son régime, à abandonner momentanément les autres exercices pour ne faire que de la lutte.
En faire au début un quart d'heure sans arrêt, et augmenter de quelques minutes tous les jours selon ses forces. Il est bon aussi d'en faire avec un adversaire plus fort et plus lourd pour s'endurcir, prendre un jour ou deux de repos complet avant l'épreuve.
L'entraînement bien conduit arrive à donner de merveilleux résultats, et nous avons vu Gambier et Isler pousser la résistance à la fatigue aux dernières limites.
Après plusieurs parties nulles, on a mis, pour en finir, les deux hommes en présence à midi et ils luttèrent plus de six heures.
Dans l'entraînement, ce qu'il y a de plus difficile, c'est de le pousser assez loin, sans dépasser la mesure. De point exact où les forces sont augmentées avant qu'elles ne soient diminuées par l'excès de fatigue est fort délicat à obtenir. De lutteur avisé devra s'étudier avec soin pour bien connaître la dose d'entraînement qui lui convient le mieux.
DE LA GYMNASTIQUE FRANÇAISE ET DE LA GYMNASTIQUE SUÉDOISE
Quand nous avons recommandé dans le chapitre précédent la gymnastique comme une bonne préparation à la lutte, nous avons voulu parler de la gymnastique française telle qu'elle se pratiquait encore généralement en France il y a 25 ou 30 ans, et non pas de la gymnastique dite suédoise que l'on a préconisée bien à tort à notre avis...
Cette gymnastique qui condamne l’effort est excellente pour les malades avec les mouvements doux qui en font la base, mais pour les jeunes gens bien doués, les exercices qu'elle comprend sont fastidieux et insuffisants.
D'ailleurs, on peut dès maintenant juger ce qu'elle a produit. Les jeunes gens, qui dans les lycées ont suivi les cours de gymnastique pendant 8 ou 10 ans, sont d'une nullité déconcertante. De cette pratique ennuyeuse - ils n'ont récolté qu'un invincible dégoût pour tout exercice physique : cela nous promet une belle génération d'énervés.
Comme le bien se trouve quelquefois à côté du mal, nous sommes heureux de constater qu'il y a quelques exceptions.
Ainsi à Paris, dans plusieurs salles athlétiques telles que les salles Régnier, Pons, Deriaz, etc., et en général dans les endroits où l'on s'entraîne à la lutte, on pratique une gymnastique qui n'a rien de suédois quant au principe.
Il est réconfortant de penser que le culte de la vigueur, renié par la gymnastique officielle, a encore en France quelques adeptes fervents.
L'ancienne gymnastique formait des hommes d'élite, et c'est là son grand tort aux yeux de certains intellectuels. La Suédoise, au contraire, passe le niveau égalitaire sur tous ses adeptes. Des femmes, les enfants, les vieillards, les malades, les infirmes peuvent faire de la Suédoise. Aux individus bien doués au physique, susceptibles de faire plus, de briller, elle dit : Halte là ! c'est ici que l'on s'arrête. Elle procède à l'égalité en partant du niveau le plus bas.
Si cette gymnastique soi-disant scientifique et rationnelle était aussi bonne qu'on le prétend, les Norvégiens et les Suédois qui en font tous, car chez eux elle est obligatoire, fourniraient au recrutement des athlètes professionnels, des sujets remarquables et nombreux.
Bien loin de là, nous ne voyons aucun Suédois ou Norvégien ayant brillé tant soit peu comme professionnel ou amateur dans un championnat quelconque de lutte, boxe, poids, etc.
Il semble que la gymnastique qu'ils pratiquent tous ait tari les sources de leur énergie.
Les Norvégiens et les Suédois passaient autrefois pour les premiers nageurs du monde. Il faut bien constater que la gymnastique qui a formé toute leur jeunesse est détestable au point de vue de l'endurance et de l'énergie, puisqu'il n'y a aucun d'eux même classé dans les nombreux championnats de nage qui vient d'avoir lieu. Traversée de Paris à la nage... tentatives pour traverser la Manche, etc., ils ont cependant encore des nageurs, en 1900 : nous avons vu l'équipe des Suédois qui sont venus épater les Parisiens par leurs plongeons acrobatiques, eux qui, cependant, ont déclaré la guerre à toute acrobatie.
Nous avons pu les voir en simple caleçon. Ils auraient mieux fait de mettre des maillots. Leur musculature ronde et mollasse, qui les faisait ressembler pour la plupart à de bons bureaucrates, ne leur a pas permis d'affronter la lutte dans l'exercice où leurs pères étaient les premiers (1).
Parmi tous les athlètes qui ont un nom, aucun ne s'est formé par la gymnastique suédoise. Sandow a débuté tout jeune dans un cirque... comme acrobate. Pythlasinski et les Dérian se sont formés en pratiquant la gymnastique suisse...
Et combien d'autres, qu'il serait trop long d'énumérer, se sont formés avec notre ancienne gymnastique française.
Et l'admirable athlète qui a posé pour le Gladiateur, il y a plus de 2.000 ans, a-t-il fait de la Suédoise celui-là ?
Allez voir au Musée du Louvre ce chef-d’œuvre de la statuaire, et considérez-le attentivement, il en vaut la peine ; depuis la tête jusqu'à l'orteil, il est saisissant de vérité.
On sent absolument que c'est un portrait, et c'est peut-être le plus beau portrait qui soit au monde. Da musculature de cet homme représente une énergie et un développement harmonieux qui n'ont jamais été égalés. On sent que cet athlète est aussi fort qu'adroit, qu'il a de la vitesse, qualité que vous ne développez guère.
C'est probablement un pentathlon, c'est-à-dire un athlète, qui a remporté le prix dans les cinq jeux. Ces jeux étaient : la course, le saut, la lutte, le disque et le pancrace, mélange de lutte et de boxe.
Car les Grecs avaient pour principe de ne pas se spécialiser comme nous dans un exercice et il est arrivé souvent que le même homme soit sorti vainqueur des cinq épreuves...
D'ensemble des muscles de cet homme vous dit qu'il était apte à tout cela. Da gymnastique qu'il a pratiqué valait sûrement mieux que la vôtre.
L’ensemble, à entendre les discours officiels, à lire les articles dithyrambiques où l'on vante la nouvelle méthode, que l'on n'ait rien fait jusqu'ici dans l'ordre physique, que l'on soit sorti des ténèbres de la nuit pour entrer dans la lumière, etc.
Allez voir le Gladiateur, partisans de la suédoise qui vous êtes faits des muscles à cette école... vous aurez là l'occasion d'y prendre la leçon de modestie dont vous avez besoin.
Supposons qu'en France, avec les surprises de la politique, un ministre de l'instruction publique hanté par les idées de socialisme égalitaire et de fausse démocratie qui ont cours aujourd'hui, fasse paraître un décret dans ce genre :
« Attendu que les hautes études sont pour les intelligences une gymnastique acrobatique qui les fausse, qu'elles servent à perpétuer les hiérarchies sociales et sont une insulte à l'égalité qui doit régner entre les citoyens, tous les cours sont supprimés hormis ceux qui ont pour objet l'obtention du certificat d'études... »
Jugez un peu du niveau intellectuel où en arriverait le pays après quelques années de ce régime.
Voilà cependant où on nous conduit dans l'ordre physique. Tous gymnastes, mais misérables gymnastes piétinant sur place et s'attardant aux commencements enfantins qu'ils ne devront point dépasser.
FRANÇOIS LE BORDELAIS.
A. LEFORT DES YLOUSES.
(1) Comme nous tenons à rester dans la vérité rigoureuse, et à mettre de la bonne foi dans la polémique, nous signalerons les exceptions que nous avons pu constater
Dans l'équipe des nageurs suédois. Il y en avait un dont l'aspect annonçait un bon gymnaste. C'était un homme d'environ 35 ans, les jambes nerveuses et sèches, le ventre plat, les épaules larges, le haut du corps très développé avec des pectoraux dominant l'ensemble.
Pour celui qui sait observer les musculatures, cet homme était un très bon gymnaste, fort au trapèze, aux anneaux, à la barre fixe ; il avait la souplesse de reins en arrière que donne la pratique des équilibres ; peut-être faisait-il la traction d'un bras et la croix de fer. Il ressemblait beaucoup comme type à un bon gymnaste que nous pourrions citer, en un plus grand, un peu plus sec, un peu plus développé.
Aux derniers Jeux Olympiens d'Athènes, il y avait, paraît-il, quelques bons gymnastes travaillant bien aux appareils.
Ils ont donc aussi, en Suède et en Norvège, quelques irréguliers qui sautent à pieds joints par-dessus les barrières officielles, et pratiquent tout simplement cette vieille gymnastique tant décriée.
*** Fin de l'extrait. Page 17 sur 73 ***
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